PLATEFORMES LOW-CODE

La formule magique des équipes IT pour libérer du temps, accélérer le fameux time-to-market et automatiser au maximum les tâches de développement répétitives ?

Avis d’expert Harington par Seif Meddeb, Microsoft Practice Manager

Low-code ? Un buzzword qui s’ancre dans la réalité opérationnelle des développeurs en 2021, clairement dopé par la crise du Coronavirus et l’essor du développement à distance.

Déjà, ces dernières années avec la migration massive des applications dans le cloud, il est devenu « physiquement » possible de les rendre bien plus interopérables entre-elles. Aujourd’hui, on a parfois le sentiment qu’il suffit de quelques clics pour créer une infrastructure d’hébergement, c’est une réalité … mais il n’en reste pas moins que derrière le cloud, il y a de vraies machines ! Dans la vraie vie, il y a toujours des interventions côté back-end pour que les nouvelles applications portées dans le cloud soient compatibles avec toutes les logiques métiers de l’entreprise et l’infrastructure informatique, qui sont loin d’être prêtes à être migrées massivement dans le cloud, et encore moins un cloud unique !

De la même manière, le low-code ne se résume pas à un simple drag and drop de composants, reste à les faire communiquer et interagir pour en faire de vraies solutions business. En clair, pour exploiter pleinement les avantages offerts par ces nouvelles plateformes, il est nécessaire d’avoir des connaissances de codage traditionnel, de développement et de manipulation des données entre autres.

Voici quelques clés pour mieux appréhender cette nouvelle génération de plateformes low-code.

Le temps est désormais révolu où les plateformes « low code » étaient perçues comme du « shadow IT », non respectueuses des normes en termes de gouvernance du SI et de politique de sécurité notamment. Leur adoption a été accélérée depuis le début de cette crise pandémique alors que les équipes IT se sont retrouvées à collaborer à distance et donc à prendre aussi des décisions plus autonomes…

Terminé également le temps où nous, sociétés de services IT, développions des solutions monolithiques en réponse à des besoins forcément spécifiques et hétérogènes, la norme tend à faire opérer entre elles de nombreuses solutions ou applications très spécialisées qui chacune vont apporter un service spécifique. C’est une tendance de fond qui entre également dans la quête de toujours plus d’agilité dans la conception et la mise sur le marché de nouveaux produits et services, en réponse à des attentes de plus d’immédiateté de la part des métiers. La standardisation des APIs (APIsation) et des systèmes d’authentification et d’intermédiation permet aujourd’hui de faire communiquer toutes ces briques.

Franchement, quelle équipe technique perdrait aujourd’hui du temps à réinventer un chat bot conversationnel ou un beau dashboard pour visualiser ses données ? Pour les équipes IT, l’objectif est plus que jamais d’apporter de la valeur rapidement alors autant se concentrer sur les fonctionnalités cœurs métier, spécifiques à l’activité business.

Seif Meddeb, Microsoft Practice Manager

L’approche « low code » simplifie et accélère le développement d’applications en remplaçant le codage manuel par des composants prêts à l’emploi et réutilisables qu’on empile (stack) par une interface drag-and-drop. Plus besoin de coder chaque fonctionnalité ni chaque workflow, on évite de dupliquer toutes les tâches qui peuvent l’être et on cherche à les automatiser. Les plateformes de low-code permettent réduire drastiquement le temps passé lors la phase de production en mettant à disposition un environnement de développement très visuel, qui permet de connecter les différents composants entre eux pour les faire fonctionner ensemble par simple glisser-déposer.

Les plateformes low-code permettent clairement d’augmenter la productivité de nos développeurs en produisant des solutions de meilleure qualité … en produisant moins de lignes de codes tout simplement ! Elles permettent aussi d’impliquer tout au long du cycle de développement les métiers en leur montrant rapidement de nouveaux services ou fonctionnalités opérationnelles dans une logique modulaire, nous sommes dans la même logique que le MVP (ndl Minimum Viable Product.

Seif Meddeb, Microsoft Practice Manager

Il n’y pas de systèmes ou d’applications aujourd’hui qui ne peuvent pas s’appuyer sur des plateformes low-code. Nous considérons qu’elles sont aujourd’hui entrées en phase de maturité. Cette année, nous les avons utilisées pour optimiser des applications de gestion et de suivi des stocks en encore des processus métiers chez un client issu du monde de l’industrie. Dans le web, on les utilise beaucoup pour améliorer les parcours en UX.

Depuis, le début de cette crise, nous avons dû apporter des évolutions d’applications ou des alternatives digitales à de nombreux clients dans l’urgence, nous n’aurions pas pu être aussi réactifs sans, c’est une certitude ! 

Seif Meddeb, Microsoft Practice Manager

Le développement des services dans le cloud, des API et des communautés open source ont clairement favorisé l’adoption du low-code et c’est aussi une excellente nouvelle pour les entreprises de toutes tailles car le low-code leur ouvre aussi la voie de l’innovation sans avoir recours à des développeurs experts en coding et la facture s’en ressent ! Le low code apparait aujourd’hui comme une solution agile, flexible et évolutive. Et en ces temps imprévisibles, nous lui prédisons un bel avenir.

D’ailleurs les analystes (Gartner, Forrester) parient que dès 2022, entre 50 et 65% du développement d’applications utilisera des plates-formes low-code (LCAP, Low code Application Platform).

Quelles sont les limites et les risques du Low-Code ?

Cependant, les plateformes low-code ont bel et bien des limites et comportent des risques à anticiper. Elles sont recommandées dans le cas d’usages de composants « basiques », prêts à l’emploi avec une logique partagée et commune à tous.

Dans les faits, vous pouvez vous retrouver très rapidement avec des solutions qui utilisent des centaines d’apps et des services tiers pour fonctionner. La maintenance, le décommissionnement des composants non utilisés ou remplacés par d’autres, la gestion des web services, des APis et autres connecteurs peuvent vite devenir des défis insurmontables et fortement consommateurs de ressources (humaines, financières, stockage, etc.). L’interopérabilité et la gouvernance de votre infrastructures reste un enjeu majeur d’autant plus que rares sont les éditeurs des plateformes low-code qui donnent accès à leurs code source, vous devez donc vous assurer que la solution que vous avez choisie a un code lisible et des workflows transférables et seul une ESN ou un intégrateur comme Harington, peut vous apporter cette expertise.

Si vous souhaitez conserver la maîtrise de vos environnements de vos développements, adopter le « low-code » n’est peut-être pas la formule idéale car vous êtes dépendants d’éditeurs qui peuvent modifier leurs tarifs, leurs fonctionnalités, voire disparaitre…  

Il peut y avoir également un risque non négligeable en termes de sécurité et car il s’agit de composants à la base développés par des tiers, il reste de votre responsabilité d’en assurer le contrôle et la conformité notamment dans le traitement des données, un défi de taille pour la plupart de nos clients.

Nos conseils ?

  1. Faire l’inventaire et suivre les outils « référencés » dans votre SI, documenter leurs usages et encadrer les développements
  2. Assurer la maintenance des outils, les décommissionner lorsqu’ils ne sont plus utilisés
  3. Sécuriser les données

Quelle plateforme choisir ?

C’est un marché qui est en plein développement avec une multitudes d’acteurs, nul doute qu’il faudra suivre de près les acquisitions et autres intégrations des pure-players dans des plateformes déjà installées. Voici notre sélection.

MICROSOFT

Power Platform et ses Power Apps de Microsoft. Outre PowerApps, cette plateforme intègre Power BI et Microsoft Flow, l’objectif des power apps est d’offrir la possibilité de créer des applications avec très peu de code, en peu de temps, supportées par IOS et Android.

Les avantages ? D’après cette étude commissionnée par Microsoft, les PowerApps permettent de : réduire la maintenance et la gestion de l’application à hauteur de 38%, réduire les efforts de développement de 70%, améliorer les process business de 15% en moyenne. Pour nous, les avantages sont :

  • l’intégration native avec Power Flow, Office 365, Microsoft Flow et Microsoft Power BI
  • La manipulation des données dans SharePoint ou encore Excel
  • La conception de formulaires « responsives » et customisés
  • La connexion à un grand éventail de sources de données
  • … et supporte les terminaux mobiles

Les inconvénients ?

  • Possibilité de requêter uniquement 500 éléments (extensible à 2000 mais avec une nette perte de performances)
  • Le modèle de licence ne permet pas d’exposer les power Apps en dehors du contexte de l’entreprise
  • Javascript non supporté
  • Une seule instance est permise en mode EDIT (multiples instances possibles bien sûr en mode lecture)

APPIAN

Appian fait partie des précurseurs du marché, expert dans le Business Process Management (BPM), il s’impose comme une référence dans la création des applications de gestion des processus métiers (BPM) nativement responsive.

Les avantages ?

  • Contrairement à PowerApps, il permet une collaboration ad hoc entre les clients, collaborateurs, partenaires et fournisseurs.
  • Automatisation des flux de travail
  • Une des rares solutions cloud orientée business permettant l’orchestration des processus hybrides couvrant les environnements on-premises et cloud
  • Une interface de développement très visuelle et intuitive
  • Un délai de mise en production parmi les plus courts du marché

Les inconvénients ?

  • Rule Expression Language (REL), assez challengeant …
  • Peu recommandé en cas d’interfaçage avec des APIs
  • Export des données sous Excel limité
  • Assez difficile à prendre en main pour les non initiés

MENDIX

Pure player présent dans les principaux clouds publics avec un partenariat fort avec SAP notamment.

Les avantages ?

  • Scalabilité
  • Rapidité de développement (Pas ou très peu de code)
  • Système de gestion de données intégré
  • La plateforme supporte le process Scrum
  • Montée en compétence très facile
  • Déploiement One click

Les inconvénients ?

  • Performances
  • Peu de liberté laissées aux développeurs
  • Coûts de la licence

En conclusion ?

Les plateformes de BPM (processus métiers) low-code font partie intégrante du futur du développement applicatif car elles permettent d’automatiser un certain nombre de tâches pour que les développeurs se concentrent sur d’autres à plus forte ajoutée… mais leur adoption n’est pas neutre. Elles ont aujourd’hui atteint un certain niveau de maturité, méritent d’être étudiées et d’être intégrées dans de nombreux projets. En remplaçant le codage basique par des outils et des composants facilement configurables, elles accélèrent les flux de travail de l’entreprise, responsabilisent les utilisateurs non techniques et permettent d’accélérer le delivery de nouveaux services ou applications. Mais pour être à la hauteur des attendus, elles demandent une mise en œuvre maîtrisée et une intégration contrôlée, avec des flux de données optimisés. Mais ce n’est quand même pas de l’informatique sans de l’informatique contrairement à ce que pourraient faire croire certains éditeurs. Notre conseil ? Du low-code oui pour concevoir et lancer plus rapidement de nouvelle applications mais pour que ce ne soit pas du « jetable », faites-vous conseiller par des professionnels du sujet comme Harington 😉

Pour aller plus loin :

https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-dynamique-le-marche-du-low-code-va-approcher-les-14-md$-en-2021-82004.html

https://www.zdnet.fr/guide-achat/quelles-solutions-de-low-code-no-code-en-entreprise-39918443.htm

https://www.lemagit.fr/definition/Plateforme-de-developpement-low-code-no-code-plateforme-LCNC

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